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Environnement : le G7 à la hauteur ?

| Charlotte Bour, Déléguée française au Y7

31 décembre 2019

La France passe le relai aux Etats-Unis pour présider le G7. Alors que Washington vient de quitter l’Accord de Paris, les craintes de voir le G7 se désengager de la cause climatique sont lourdes. D’autant que la présidence française n’a obtenu que des résultats partiels malgré l’activisme de sa diplomatie écologiste. L’espoir était fort que des engagements soient pris pour faire de cette présidence française du G7 un tournant international sur les questions environnementales.

Le G7 s'est entouré de sept groupes d'engagements officiels pour structurer la participation de la société civile à ses travaux. Le Y7 en fait partie, pour rassembler les jeunes. Avec lui, les six autres groupes avaient pressé le G7 de réagir à la crise environnementale et de mettre fin à l'inaction politique.

La présidence française du groupe s’est engagée à mettre la protection de la biodiversité au sommet de son agenda. Mais le sommet de Biarritz a laissé cette question dans un angle mort : le sujet est totalement absent de la déclaration finale du Groupe. 

On n’y trouve aucun engagement pour atteindre la neutralité carbone ou pour augmenter les contributions nationales à la lutte contre le réchauffement climatique. Encore moins pour l’arrêt complet des financements aux énergies fossiles, pourtant expressément demandé par la quasi totalité des groupes citoyens.

Les feux de forêt en Australie

Un premier engagement « à chaud »

A Biarritz, les principales économies industrielles se sont engagées, en partenariat avec les pays amazoniens, à hauteur de 20 Millions de dollars pour lutter contre les feux de forêts en Amazonie. Une réaction attendue face à une actualité brûlante. Cette somme, débloquée malgré l’absence de Donald Trump à la table des négociations, devrait servir à endiguer les feux de forêts et à reboiser l’Amazonie. 

On peut déplorer que les objectifs ne soient totalement irréalistes pour une somme si modique pour le poumon de la planète. A titre de comparaison, la Commission Européenne vient de promettre un budget de 1000 Milliards d’euros d’ici 2030 (et donc sur dix ans) pour le Pacte Vert.

Ajoutons qu’une question majeure n’a pas été posée : l’industrie agro-alimentaire au Brésil, et notamment l’élevage et le soja, ne joue-t-elle pas un rôle dans l’érosion des sols et la déforestation ? Rappelons que l’agriculture animale est l’une des premières causes de diverses dégradations environnementales : selon la FAO, entre 1990 et 2005, plus de 70% de la déforestation en Argentine, en Colombie, en Bolivie, au Brésil, au Paraguay, au Pérou et au Venezuela est à mettre sur le compte d’un accroissement de la demande en pâturages”. Le G7 aurait pu restreindre ses importations agroalimentaires qui ne font que croître.

Plus largement, le Président Macron a déclaré que les gouvernements du G7 se penchaient sur la question des feux en Afrique subsaharienne. Pourtant, aucun engagement formel n’a été pris. Le continent brûle autant que l'Amazonie. Ce qui nous rappelle le cynisme qui guide les grands sommets internationaux, pilotés par l’actualité médiatique plus que par l’impératif de réalité.

Pourtant, le Y7 avait demandé au G7 de mettre en oeuvre plus rapidement la Déclaration de New York sur les forêts. Mais les Etats-Unis se sont abstenus lors de l’adoption du plan de reforestation et du lancement d'une initiative globale pour protéger la forêt tropicale. Un doute existentiel plane sur la protection de notre première protection contre les émissions de gaz à effet de serre.

Le G7 au complet, tandis que le président Trump a manqué la réunion sur le climat

Quelques raisons d’y croire

La diplomatie écologiste affichée par Emmanuel Macron n’a pas non plus été vaine. Partisan d’une méthode réaliste, focalisée sur des coalitions concrètes pour faire avancer la cause, il a obtenu quelques succès. Certes pas de grand bond en avant climatique, mais des petits pas.

Le Y7 militait pour faire adopter le « Fashion Pact » avec un recyclage plus rigoureux, des mesures d’approvisionnement durable et une responsabilité spécifique pour la production du coton. C’est la plus grande réussite écologiste du G7 : l’industrie du textile, deuxième industrie la plus polluante au monde, s’est engagée. 32 entreprises et acteurs du textile ont pris des mesures, focalisées sur la réduction des déchets. L’objectif est de mieux protéger la biodiversité et les océans. Il est impératif de compléter cet engagement par une instance qui mesure la réalisation  de ces engagements : cette avancée capitale doit être suivie de près !

Les pays du G7 se sont engagés, avec les transporteurs maritimes, à réduire la vitesse des portes conteneurs et cargos. Cela réduit drastiquement les émissions carbone et la consommation de mazoute. Cet engagement répond en partie aux propositions du Y7… mais aucune entreprise ne s’est engagée par accord écrit.

Lors de ce G7, une bataille dont personne n’entend jamais parler a commencé : la réglementation de l’utilisation des hydrofluorocarbures (HFC). Présents dans les systèmes de refroidissement, comme la climatisation ou les réfrigérateurs, ils consomment chaque année l’équivalent de 4 ans de consommation d’électricité de notre pays. Espérons que la France continue d’utiliser son leadership diplomatique pour formaliser les engagements internationaux de ce secteur, qui restent diffus pour l’instant.

Enfin, une note d’espoir a signé ce G7 : pour compenser le retrait des Etats-Unis hors de l’accord de Paris, la France et le Royaume-Uni ont doublé leur contribution financière au Fond Vert. Au total, nous atteignons les 9,8 milliards de dollars dans les quatre prochaines années.

Alors que l’on va bientôt fêter les 25 ans du protocole de Kyoto, les émissions de gaz à effet de serre continuaient d’augmenter en 2018. Nous avons maintenant la certitude que ce n’est ni ce sommet du G7, ni la COP 25 de Madrid qui changeront la donne en 2019. Le monde cherche encore ses instances de décision, alors que des régions du monde comme l’Australie s’habituent à vivre sous 50°C.