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Pour un G7 utile pour l’égalité femmes - hommes

Tribune collective

14 avril 2019

Bien que la situation des femmes se soit sensiblement améliorée au cours de ces dernières décennies, le “deuxième sexe” - comme l’appelait Simone de Beauvoir - ne parvient toujours pas à jouir des mêmes droits que les hommes. Alors que l’information circule instantanément dans notre vie mondialisée, des phénomènes tels que le hashtag #MeToo démontrent que ce combat pour l’égalité est loin d’être arrivé à ses fins. Et les chiffres restent criants dans un monde où l’on peut penser que les femmes ont gagné une bonne partie de leur liberté.

Diplômées mais pas gradées

« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde » affirmait Nelson Mandela… mais la part de femmes parmi les 750 millions de personnes analphabètes recensées par l’ONU est encore anormalement majoritaire : 63 % ! Cette arme qu’est l’éducation semble principalement aux mains des hommes !

 

Allons plus loin. Dans l’UE, 42 % des femmes sont diplômées du supérieur contre 34 % d’hommes. Factuellement plus de femmes réussissent leurs études. Mais de manière surprenante, seulement 3 % d’entre elles deviennent P-DG et un écart salarial de 25 % s’est creusé en défaveur des femmes (chiffres en France). L’éducation ne suffit pas à rétablir l’égalité. Comment expliquer cette inéquité criante ?

 

La gestion du foyer souvent attribuée à la mère pousse les femmes à travailler à temps partiel. Aujourd’hui près d’un tiers d’entre elles travaillent sous ce régime contre 8 % d’hommes, impactant de facto l’évolution de leur carrière. Le plafond de verre persiste et n’est pas près de disparaître à ce rythme.

 

Autre phénomène observable est la paroi de verre, véritable “sexualisation des métiers”. Aujourd’hui encore dans l’inconscient collectif, il existe des métiers de femmes et d’autres d’hommes. Dans le secteur paramédical, de soin et du social ce sont 85 % des employées tandis que dans les filières d’ingénierie, de sciences ou dans le secteur numérique, les femmes représentent entre 15 et 25 % des effectifs.

 

Lorsqu’on prend le cas des femmes entrepreneures la situation n’est pas meilleure faisant apparaître qu’elles n’ont pas les mêmes chances d’accès au financement et au capital que les hommes. Dans l’industrie de la tech européenne, 93 % des fonds levés ont été attribués à des équipes exclusivement masculines.

Égalité rime avec sécurité

En plus de limiter les femmes dans leur réussite professionnelle, ces inégalités pèsent directement sur leur vulnérabilité. Qui dit temps partiel, des perspectives limitées ou des moyens financiers limités, dit risques de précarité plus élevés.

A ce niveau les chiffres sont clairs : les femmes sont les premières victimes de la pauvreté partout sur la planète. Au Japon un tiers des femmes seules vit sous le seuil de pauvreté. Plus choquant, encore aujourd’hui, une femme décède tous les trois jours en France sous les coups de son conjoint, le plus souvent piégée par la peur de tomber dans une précarité sociale et économique.

Les chiffres restent sombres, déclarant une augmentation exponentielle des plaintes pour viol de plus de 12 % entre 2016 et 2017 et où finalement une femme sur cinq a été victime de violences sexuelles ou de harcèlement au travail en France. Désormais, les violences ne sont plus que d’ordre physique mais d’un nouveau genre : virtuel. Le cyberharcèlement touche 73 % de femmes en France. L’affaire de la “Ligue du LOL” a rappelé l’urgence d’agir pour lutter contre ces nouvelles agressions. Un phénomène qui prend de l’ampleur, notamment face à l’incapacité des plateformes internet à mettre en œuvre des solutions.

L’égalité femmes - hommes est un enjeu prioritaire dont le G7 doit se saisir. La diplomatie féministe est un grand combat.

Un combat politique et culturel

Face à ces inégalités, de nouvelles actions gouvernementales s’imposent pour les principales économies industrialisées de la planète.

Le Conseil consultatif du G7 pour l’égalité entre les femmes et les hommes ainsi que les ministres concernés composeront un ensemble de lois parmi les plus favorables aux femmes dans le monde. Ce “bouquet législatif” sera présenté aux Etats membres du G7. A partir de là, il incombe aux pays du G7 de s’engager, y compris sur le plan budgétaire, pour diffuser ces meilleures pratiques dans toutes les politiques publiques.

Au-delà du combat législatif entrepris par la puissance publique, il y a la lutte pieds à pieds pour faire avancer l’égalité dans toute la société : c’est un combat culturel pour le changement de mentalité. On assiste à une accumulation d’obstacles sur le chemin de l’égalité, profondément appuyés sur les stéréotypes qui ont cours.

Pour poursuivre cette lutte politique autant que culturelle, voici quelques propositions :

  • Former les recruteurs contre les stéréotypes et les discriminations : identifier les biais de genre dans les processus de recrutement est une façon simple de placer cette bataille culturelle sur un front majeur, celui de l’emploi.
  • Diffuser la loi Copé-Zimmerman au sein du G7 pour assurer une meilleure représentation des femmes dans les conseils d’administration des entreprises : l’égalité a encore besoin de quotas pour un moment, le temps d’ancrer totalement la légitimité naturelle des femmes à diriger.
  • Intégrer le délit de cyberharcèlement dans les législations de l’ensemble des pays du G7. C’est un risque qu’encourt les femmes plus que les hommes. Dans le code pénal français, il est passible d’un emprisonnement de 3 ans et d’une amende de 45 000 euros. Pour assurer la mise en oeuvre de ce type de législation, le G7 pourrait exiger des plateformes des mécanismes de réaction rapides pour protéger les victimes. Les conditions générales d’utilisation d’un réseau social ne peuvent pas s’imposer à l’exercice de la loi.
  • Favoriser l’investissement dans les entreprises créées par des femmes. Elles sont moins nombreuses mais mieux gérées en général. Permettre aux banques et aux fonds d’investissements d’acquérir un avantage fiscal lors d’un tel choix de financement pourrait être décisif.

Ces idées, ce n’est qu’un début : vous pouvez aussi apporter votre pierre à l’édifice du G7, ce groupe des principales économies industrialisées de la planète. Présidé par le Canada en 2018 puis par la France en 2019, le G7 a fait de l’égalité femmes - hommes une priorité mondiale. Le groupe d’engagement du G7 envers la jeunesse, le Y7 vous permet d’apporter vos idées pour réaliser cette priorité via une consultation ouverte à tous : www.consultation.youth7.fr

Meriyem Kokaina, co-présidente du Y7 avec Iris de Villars et Fidélis Onomo Mbassi, délégués français au Y7